La machination Emergenza

Devant la confusion évidente de certains voyageurs égarés, nous nous devons quelques petites précisions...

L'Emergenza est officiellement un tremplin musical pour boys band en quête de gloire éphémère (et pour une explication peut-être un peu plus objective, Google est ton ami).
Mais on vous a menti, pauvre public innocent.

L'Emerzaza est avant tout une abominable machination,
destinée à vous ruiner en quatre rounds, des huitièmes de finale
à THE finale (demain soir, ndlr), si par malheur le groupe que vous soutenez
a la fâcheuse habitude de "gagner" à chaque fois...

Pour vous expliciter la chose, voici Chû pour une analyse critique trop la méga classe qu'on croirait rédigée dans une sorte de mauvaise prose de bloggeur gauchiste et que les trois quarts d'entre vous ne liront pas. Bande d'ingrats.

L'Emergenza est un festival reprenant le concept de tremplin à grande échelle (dont le plus éminent exemple français est celui des Découvertes du Printemps de Bourges). Né en Italie en 1990, il s'est depuis largement généralisé dans les grandes villes européennes, ainsi qu'en Amérique, au Canada, en Australie et au Japon. N'importe quel groupe peut s'inscrire, quel que soit son niveau et ses tendances musicales (quoiqu'on ait pas encore assisté à un concert de rap, c'est trop dommage).

Le concept est plutôt simple au premier abord. Les groupes s'affrontent sur plusieurs tours et sont sélectionnés par le vote du public jusqu'à un certain niveau où c'est alors un jury choisit par la direction (composé de producteurs, critiques, musiciens, etc "d'origines variées pour favoriser l'objectivité" selon le site officiel du festival) qui décide de la sélection des groupes.
L'Emergenza met à disposition des groupes des salles renommées localement, propose de relatives bonnes conditions techniques et bénéficie du soutien d'importants sponsors (dont Gibson), de radios et de chaînes locales. Les prix proposés en cas d'accession à un certain niveau sont également d'un intérêt non négligeable : ils s'échelonnent du matériel d'une qualité incontestable à la production complète en studio professionnel durant 6 semaines. Devant une telle promesse de promotion et de récompense, on comprend aisément l'engouement des jeunes (et moins jeunes) désireux de se faire connaître. Néanmoins, quel groupe issu de ce système peut prétendre à une renommée internationale, actuellement?

Pour le coup, je me contenterai de citer ce qu'on a pu lire sur internet : "Franchement, en explorant sur le site d'Emergenza les listes de groupes ayant participé à la finale ou à la demi-finale des années précédentes, aucun nom ne m'est familier. J'ai également interrogé mon entourage à ce sujet (je fréquente de nombreux musiciens et travaille dans un studio d'enregistrement professionnel), et personne n'a pu me citer un seul nom de groupe participant. On peut en toute bonne foi se poser la question: qui, de l'événement ou des groupes, est réellement promotionné?" Bref, l'Emergenza n'est apparemment pas le meilleur moyen de promotion qui soit (pour les groupes, évidemment, le festival en lui même se porte très bien et prend de l'importance tous les ans). Cela ne pose peut-être aucun problème à nos chers Pink Yoghourt qui, d'après leur guitariste bouclé, participent essentiellement pour "gagner en experience, en salle de concert et en émotion" (j'aime beaucoup le dernier, ça fait très agence de voyage...) ainsi que pour "donner des idées à Hugo", bassiste décoratif des Heckle (ça ne vous dit rien? c'est normal) et "vous faire chier", merci Max, on t'aime. Mais ne nous centrons pas uniquement sur ce boys band commercial et élargissons la réflexion.

La sélection se fait d'après un vote à main levée du public qu'évalue des "counters". La marge d'erreur est estimée à 3% et deux groupes dont le nombre de votes est très proche sont déclarés ex-aequo. Ce système de vote direct du public permet une démocratie relative : il permet d'éviter le pistonnage ou les pots-de-vin soupçonnés en cas de jury constitué de personnes "du milieu".
Sauf que, rappelons les conditions de la chose machin truc. Le vote a lieu directement après la prestation du groupe ce qui ne permet pas d'émettre une réelle comparaison avec les autres participants. Mais le beaucoup meilleur réside encore en la constitution du public votant dont nous sommes tous connaisseurs puisque c'est de nous dont il s'agit : les potes, les connaissances. Nous savons tous pertinemment que seul un groupe qui amène un maximum de monde a ses chances de passer. Le groupe joue, le counter compte (étonnement) vite le nombre de mains levées, et c'est repartit pour un tour alors que le public votant ayant vu ses copains jouer va boire un verre, se casse, ou reste sans forcément voter (ne généralisons pas).
Le groupe qui n'a pas de potes a néanmoins une infime chance de passer : tout dépend encore de l'horaire et du jour auquel il passe, un groupe qui passe à 19h un jeudi est un groupe mort, aussi bon soit-il. Idem pour un groupe qui n'aurait pas vendu de places. Sceptiques? Passez là.
Evidemment, il faudrait être d'une niaiserie pire que celle de la skin de notre blog pour s'imaginer que le public est là dans une optique parfaitement équitable sans favoritisme aucun. Inutile de cracher dessus, nous sommes pareils : qui ne valoriserait pas le groupe pour lequel il a payé entre 8€50 et 12€ (en prévente uniquement)?

Ah oui, parce qu'il y a ça aussi : les prix de plus en plus élevés alors que le groupe suivit progresse de finale en finale. Le profit de cette vente revient évidemment à l'Emergenza (pour ce qui est de la vente des -environ 80/90 premières places vendues). Une fois passe encore, mais taxer de plus en plus cher et de plus en plus souvent pour un groupe qu'on soutient plus ou moins, ce dans un contexte peu transparent dont on ne sait si l'organisation s'intéresse vraiment au groupe ou seulement à ce qu'il peut lui rapporter, ça tout de suite, moins. D'après le site officiel : "Le prix est élevé pour encourager les personnes à rester pour tous les groupes ! Le but étant de leur faire découvrir de nouveaux groupes très talentueux !"

Lol?

Non pas que je sois désireuse de minimiser l'ouverture musicale que permet le festival. On a découvert des groupes des plus sympathiques comme ça, dont les Small Ties, pour l'exemple. Eliminés en demi-finale. Ben ouais, ils passaient à 19h et ils avaient pas vendus de places.

Mais consolons nous, les groupes doivent aussi payer pour s'inscrire. Une bagatelle, 60 euros. Même que Maxime ou Théo, un des blonds en tous cas, il dit que comme ça, ils ont du super matos, un super son et tout. Pourtant avec autant de sponsors, ça fait cher payé le droit de faire payer les autres. Sachant que l'Emergenza est avant tout basé en Europe, le passage à l'euro a dû très franchement faciliter la collecte.   

Dernier détail amusant qui a dû ravir notre ami le crêteux communiste, le réglement stipule qu'il est interdit aux groupes, sous peine d'exclusion, d'être "…liés -même de façon indirecte et non officielle- à des organisations politiques ou militantes", l'argument utilisé étant la sécurité des spectacles. Tous ces groupes qui revendiquent leur liberté d'expression et véhiculent des idées à caractère politique plutôt que cette soupe divergente de sujets bateau, bien assez ressassés, sont-ils franchement déclencheurs d'émeutes? Est-ce qu'on aurait interdit l'accès à l'Emergenza à des groupes de l'ordre de Noir Désir, pour leurs simples paroles?

Bref, pour conclure, je ne vais pas faire la relou. Tout le monde est conscient qu'il s'agit d'une machine à fric, quels que soient les "Mais arrêteuuh, les organisateurs y sont fauchés!" objectés par les Pink Yoghourt (l'Emergenza c'est pas que vos managers, chéris), qui fait miroiter l'espoir de renommée, d'amusement, de niveau technique, etc pour finalement se faire le de l'argent sur ces rêves innocents. MAIS! Il est tellement incontestable que les Pink Yoghourt bénéficient de bien meilleurs équipements (on aura presque l'impression d'aller à de vrais concerts, damn!) et ont nettement progressé (idem!), qu'on ne peut pas réduire l'Emergenza à une entreprise purement commerciale. Ou plutôt si, mais tant pis, si tout le monde y trouve son compte, après tout. Moi je m'en tape, c'est pas moi qui paye mes places. =)

Conclusion : Demain soir, Ô suprême délivrance, on va enfin savoir
ce que Pink Yoghourt a dans le ventre, nanmaioh!

Dans les épisodes précédents...

Les courageux Yaourts en ont vécu de belles, à l'Emergenza.

Ils ont notamment essuyé non sans peine un attentat terroriste (à coups de lancés de strings), fomenté par le F.R.C.G, le Front de Réhabilitation des Culottes de Grand-mères.

Espérons qu'on ait pas à subir de nouvelle intrusion terroriste lors d'un concert,
ça pourrait dégénérer en guerre idéologique... (Mais c'est vrai que de loin, on dirait juste des groupies hystériques qui balancent des sous vêtements douteux sur la scène... C'est peut-être un peu ça, aussi.)

Prochainement : Pink Yoghourt, pourquoi tout le monde les hais.

Comments

[Lunapei]

J'avoue pas avoir lu le texte en entier, mais c'etait un beau debut XD


ce que je retiens c'est que mon idée des culottes de grand mere n'etait pas incomprise . Merci. T_T *emotion*